samedi 13 mars 2021

WWoofing à Iriomote

 Je ne sais pas où sont passés ces deux mois. J'ai l'impression d'être arrivé hier. Le travail de ferme me plait tout de même vraiment bien. C'est varié, en plein air, on fait de l'exercice, ... Vous ajoutez à ça une bonne ambiance, la possibilité de tremper ses fesses dans l'eau après le repas de midi et vers 16h quand on a terminé la journée, et vous obtenez la recette parfaite du bonheur !













































 

Au fur et à mesure de mon séjour, je deviendrais une sorte de deuxième boss de la ferme. On arrivera tout de même à 9 volontaires mi mars, ce qui donne des soucis de logistiques au patron, car il ne peut pas se décupler pour vérifier le travail de tout le monde, ou donner des nouveaux ordres quand on aura terminé nos tâches en avance. Il y aura donc deux types de jours, le jour où on part tous les deux quelque part pour que le travail soit vite fait et bien fait, en laissant les autres faire du désherbage ou autre, et les jours où il me laissera quelques personnes avec moi et me laisser gérer. Cette transition s'est faite naturellement, sans que j'en prenne vraiment conscience. C'est Momoko qui m'ouvrira les yeux sur mon nouveau statut, en me disant boss. Je lui ai répondu je suis pas plus boss que toi. Et elle me dira : combien de fois as tu entendu ton prénom ce matin. Et après réflexion, je me rappellerai que l'on me demandait comment faire les choses, si ça allait, où trouver telle ou telle chose. Et cette prise de conscience m'a fait du bien. J'étais considéré, porté par la confiance des autres. C'est une douce sensation. 

 
 
Le plus gros du travail sera la plantation de riz. Avec 3 mois d'avance sur l'île principale, on attaquera, rizière par rizière, à planter toutes sortes de riz, du riz noir, du riz mochi, du riz blanc, ...

 On commence par planter des grains de riz dans un terreau, que l'on laisse pousser sous serre pendant quelques jours. Quand il arrive à une quinzaine de centimètres il est prêt. Le boss prépare tout au tracteur pour rendre la vase bien lisse, puis l'on charge les boites de pousse de riz sur une machine, et ca plante 6 rangées bien serrées niquel. Je me disais on va tout faire à la main ca va me pêter le dos, et bien non ! Enfin ...
C'était sans compter sur un petit escargot ... Une espèce invasive, présente partout dans le monde, sans prédateur, qui, il n'y a pas d'autres termes, DEFONCE ! le riz. Un gros escargot tout seul peut manger un mètre carré de jeunes pousses en une nuit. Et ils se comptent par centaines dans une seule rizière ! Puisque ma rizière est sans pesticide, on se retrouvera souvent avec une épuisette accrochée à un bambou pour pécher les bêtes et les jeter dans la mer. Heureusement que l'on a de la main d'oeuvre. Une rizière particulièrement touchée nous obligera à mettre les pieds dans la vase et replanter le riz à la main. Une bonne expérience. Il ne reste plus qu'à installer des fils au dessus des nouveaux plans pour les protéger des oiseaux, le temps que le riz soit suffisamment costaud pour résister au bec des canards. 

On aura eu des beaux moments. De très beaux moments. Une excursion dans la jungle pour trouver une cascade magnifique. On se sera perdu, on aura trouvé un guide providentiel qui nous mènera par dessus les rivières et à travers la mangrove pour trouver le chemin. 



























 
On aura bravé la mer en kayak pour se rendre sur une île déserte, par un vent beaucoup trop fort. Insouciants du danger, nous avons réussi la traversée, non sans y laisser une épaule à pagayer comme des ânes pour essayer d'aller tout droit et ne pas se faire retourner par les vagues, en croisant des dizaines de tortues, de poissons de toutes les couleurs, des coraux préservés... 
Les nuits passées dans la forêt pour regarder le spectacle préparé par les lucioles. Doucement, une moins timide que les autres émet une petite lumière, suivie par une autre, puis une autre, ... Des décorations de noël, toute la forêt se met à clignoter tout le monde lâche un OOhhh, Aaahhh. Une petite demi heure parfois, des fois plus, des dizaines de petites bêtes illuminent nos vies. J'aurais même l'occasion de faire la connaissance d'une sangsue, qui m'aura prélevé une bonne partie de mon sang avant de tomber, repue, sur les tatamis de ma chambre, lassant échapper un filet de sang de mon pied transformé en buffet à volonté... 
Les soirées karaoké, barbecue, tous les repas sur la plage en regardant le soleil se coucher ... Les échanges avec les écoles locales qui plantent aussi du riz avec les élèves pour leur faire prendre conscience du travail que cela représente. Les caleçons que j'aurais fusillé en les trempant tous les jours dans l'eau de mer, parce que je n'ai qu'un short de bain et que j'y vais tous les jours, bien souvent seul parce qu'un japonais ne se baigne pas en sous vêtements, encore moins une japonaise. Eux ils iront seulement après s'être changé, vers les 16h30



















On aura aussi partagé une tradition locale préservée de la colonisation, c'est le respect des ancêtres en organisant un pique nique alcoolisé devant les tombeaux ! Il y a quelques prières, mais surtout de la bière ^^ 

 
Enfin, il sera temps de tirer un trait sur cette page wwoofing à Iriomote. Une jolie parenthèse douce et ensoleillée. Dire que j'y reviendrai, peut être un jour. Je n'arrive plus à me projeter dans l'avenir lointain. Mon avenir proche, c'est que dans une semaine, je serais de retour sur Shikoku pour faire un discours sur le henro en japonais, et je ne suis pas prêt ! 
Dans la foulée, je vais louer un vélo à Takamatsu, et repartir pour le 4ème tour de l'île, qui me donnera la possibilité de présenter ma candidature pour devenir guide du pèlerinage de Shikoku ! L'année dernière ils n'avaient pas organisé le passage des nouveaux guides pour cause de corona, ce sera peut être pareil cette année, mais au moins, j'aurais ce qu'il faut pour y prétendre. La suite on verra.
Et bien que ce soit mon 4eme tour, j'ai des papillons dans le ventre, le sourire aux lèvres. Une nouvelle aventure, en vélo, nouvelles routes, nouvelles sensations. Je serais avec un timing, mais plutôt relâche. La plupart des cyclistes le font en deux semaines, 3 pour les plus lents. J'aurais un mois de location pour le prix de 20 jours ! Et ma seule date limite, c'est la golden week à la pizzeria, sorte de 15 juillet 15 aout japonais, en une semaine. J'avais promis de rentrer prêter main forte aux copains. 
Un américain devait me rejoindre pour prendre des vidéos avec moi, mais il n'aura malheureusement pas ma disponibilité. Il quitte le Japon pour la Suède en mai, et il reste sur un budget serré car il n'a pas encore trouvé de travail dans son domaine, la production de vidéo promotionnelle, sur place. 
Mais je vous réserverais une surprise, certainement. L'occasion de voir ma tête plus souvent, de rentrer dans mon univers, de comprendre peut être ma passion pour cette île, ... On en reparlera ! 
Je vous aime toujours ! Et à bientôt !