dimanche 18 décembre 2016

épilogue 2, Kyoto, le rêve d'un gosse

Le lendemain, c’était tendu. Je devais me rendre à Kyoto. La partie non organisée du voyage commençait. Mal. Je prends le bus, j’arrive au téléphérique qui doit m’emmener à la gare, et je me rends compte que j’avais oublié mon cadeau acheté à Koyasan. Je laisse mes affaires dans le téléphérique et je cherche quelqu’un pour m’aider.
Ai-je oublié le paquet dans le bus ? On appelle les chauffeurs, rien. Dans l’abri bus ? Le chauffeur sur la ligne ne voit rien non plus. Dans les capsules ? On a besoin de mon téléphone qui est dans mon sac dans le téléphérique qui vient de partir. Heureusement, quelqu’un a pu le sortir à temps.
On me donne un pass gratuit pour prendre le bus, retourner à l’hôtel, récupérer le sac et revenir. 5 personnes sur le coup pour m’aider, sans compter les chauffeurs. Les japonais, ils se plient en quatre pour tout ! Sans eux, je serais pas allé bien loin probablement. Donc merci les japonais !



Kyoto. Combien de fois j’ai rêvé de cette ville ? De ses temples, ses palais, ses maisons anciennes et ses quartiers de geishas. Et bien voilà. En ce 9 décembre 2016, j’y suis.
Bien sûr, c’est blindé de touristes (plus de 2 fois la population), bien sûr c’est une ville et je ne suis pas urbain, bien sûr c’est plus moderne que lorsque Miyamoto Musashi y est venu. Mais l’histoire est là. J’ai le temps de la déguster. J’ai le temps de découvrir.
Je me dis qu’après cette journée de transport, j’ai le droit de me dégourdir les jambes, alors je me rends au célèbre quartier des geishas, de nuit, pour tâter l’ambiance.
Déçu pour tout avouer, bien plus de perches à selfies que de parapluies en papier. Heureusement, un temple va me sauver de la déception totale.
Illuminé pour la nuit, payant donc beaucoup moins peuplé (autant le dire tout de suite, les touristes ne payent que pour le patrimoine mondial, ce qui, je l’apprendrais à mes dépends, n’est pas un gage de qualité loin de là!). Un charme qui opère très rapidement, pas besoin de mots, juste quelques photos.






J’ai tellement de temps par ailleurs que je décide de partir dès le premier jour. Je suis pas loin de la gare, dans le Kyoto Capsule Ryokan. C’est samedi, je veux éviter les hordes de chinois et de japonais, alors je file à Nara, la ville aux chevreuils sacrés qui déambulent dans les rues. J’y trouve une gentille guide bilingue qui prend le temps de m’emmener dans les principaux temples et jardins de sa ville. Le Bouddha de 15 mètres de haut en bronze est particulièrement monumental. Une bien belle petite ville, Nara, l’ancienne capitale du Japon, théâtre des premiers “affrontements” entre l’empereur et les seigneurs puissants, du genre "ben mon château il est plus grand que le tiens!"
Le lendemain, je me suis rendu au rendez vous proposé par mon ami du train, celui qui m’a donné tous les horaires de mes trains successifs. C’était dans un temple, très bien.
J’ai fait les temples Shingon, qui sont officiellement les plus difficiles à atteindre en général avec une belle volée de marches, les temples Zen qui sont les plus austères globalement (mis à part les jardins) je me suis donc essayé à une nouvelle forme de bouddhisme. Voulant revenir à l’essentiel, cette vision moderne du bouddhisme veut permettre aux adeptes de voir des bénéfices dans la vie actuelle, et pas vivre pour un au-delà meilleur. Bien sur, ça ne plait pas aux grands, l’état, les riches ou les grandes religions, mais pas de panique, c’est pas très populaire.
En effet, la pratique principale consiste à répéter un mantra pendant plusieurs dizaines de minutes, en frappant des claves ou en se martelant la cuisse avec le poing. Bien sur, on ressent une certaine forme de paix, mais je préfère et de loin la marche. Si je devais choisir entre 15 jours de Shikoku sous la pluie ou le mantra, je prendrais ma cape de pluie et en avant ! Le bon côté des choses, c’est que ce monsieur m’a fait visiter quelques endroits sympas, et qu’il m’a passé une liste des temples hors circuit traditionnel que je devrais visiter. C’est toujours bien d’avoir un local, même si le personnel de l'hôtel est excellent (surtout un qui a fait Shikoku et Compostelle), ils sont encore trop policés (4 km à pied ?! Prends un bus !!!)



J’en reviens à mon brûlot sur le tourisme japonais. Déjà, je suis hors saison et la foule paraît immense. Je ne crois pas avoir vécu ça en France, alors que nous sommes le premier pays récepteur de touristes au monde. En écrivant cela, je me souviens de Paris et de ses hordes sortant de bus climatisés, mais encore faut il considérer Paris comme la France.
Bref, des hordes de touristes donc, avec tout ce que cela implique. Les paysages cachés derrière les smartphones, les bousculades pour la plus belle photo, les prix élevés, le mépris des habitants envers tous les étrangers, les attrapes nigauds.


Enfin bref, je vais pas vous faire un cours de tourisme. Non, le problème, c’est que tout au Japon est patrimoine mondial, trésor national, le plus beau temple du Japon, le premier jardin a avoir cultivé le thé vert, …






Et les déceptions sont nombreuses par conséquent. Certains temples, à voir absolument, sont une perte d’argent et de temps réels. D’autres, gratuits, sont d’une beauté remarquable. Pourtant, les premiers sont indiqués de partout, les seconds sont cachés. Mais cela ne veut pas dire non plus que les attractions phares sont toutes nulles. Le pavillon d’or mérite le coup d’oeil, celui d’argent aussi, le palais impérial est intéressant, le chateau du Shogun impressionnant. Mais mes plus beaux souvenirs seront sans aucun doute dans les secrets et les recoins, dans les petits trucs que peu de gens peuvent voir, par manque de temps sûrement.


Ce temple zen, que je n’aurais jamais trouvé sans une aide au musée national, quand j’ai évoqué mon intérêt pour la calligraphie. J’ai pu faire Shakyoo une fois de plus, dans une atmosphère totalement différente. J’étais dans une petite pièce ouverte aux 4 vents, avec un froid de canard, et une pression supplémentaire puisque mon travail allait être offert au Bouddha Amida. Pas le droit à l’erreur, interdit d’avoir froid, concentration maximum, au point où, quand je me relève, j’ai les deux jambes mortes ! J’ai manqué de tomber sur les petites tables.


Cette randonnée, sur les hauteurs de Kyoto au nord. Il ne me restait plus trop de jours, j’avais bien avancé mes visites dans la ville, il me restait à découvrir les alentours. Les rues, les bus et le métro ne sont plus un problème, je peux m’aventurer loin, et prendre des routes compliquées.

Direction Kurama et Kibune donc. Je peste un peu contre le temps au début, parce que la météo annonce du soleil et que j’ai de beaux nuages au dessus de la tête. Mais ce que je vais découvrir dissipe toutes mes mauvaises pensées. De la neige ! Oui, de la neige. J’aurais donc eu trois saisons, l’été l’automne et l’hiver. Enfin l’hiver !


Les temples sous la neige c’est encore une autre atmosphère. La randonnée qui sépare les deux endroits (Kibune et Kurama) est très bien balisée. Petit plus, je suis le premier à laisser les traces dans la poudreuse. crouich crouich. Un régal.



Je rejoins le train un peu trop rapidement à mon goût. Je cherche un peu des idées, et la révélation apparaît. Soufflée par une personne du sud, qui m’a proposé une photo de moi dans un onsen tout a fait réaliste, à vrai dire. Un onsen extérieur, sous la neige.


Et là, mes amis, je savais que c’était le dernier de l’aventure, j’en ai profité un maximum. 1h30 a tremper dans une eau fumante. Les reflets du soleil sur l’eau qui créent des rayons de lumière dans la fumée. La neige qui tombe doucement aux alentours. Les montagnes comme paysage. Je ne saurais en dire plus, tellement la sérénité avait atteint son paroxysme.


Pour parfaire cette journée délicieuse, je suis redescendu à Kyoto pour voir les illuminations du district d’Arashiyama. Là encore, un petit temple qui offre un concert gratuit, des belles lumières, un thé à la pomme, mais demande 150 m de marches à grimper, par conséquent : presque personne.

L’allée de bambous avec 2 geishas sur l’affiche, superbe en effet, sauf que à la place des 2 geishas, il y avait 2 698 451 personnes. En sortant de ce fleuve humain, une seule idée en tête, retrouver la paix. Direction la villa d’un acteur de film de samouraï très célèbre, qui a créé son propre jardin, en puisant l’inspiration dans les temples qu’il a visité. Le résultat est incroyable, la vue sur Kyoto by night splendide.


Bref, vous l’aurez compris, j’ai pris mon rôle de touriste très au sérieux. Je me suis appliqué pour ne pas trop regretter mon choix de rester au même endroit pour la fin de ce voyage. Pour tout dire, je crois que j’ai bien fait. Même si plusieurs sites n'acceptaient pas les photos, je vous laisse avec celles que j’ai pu prendre. J’espère qu’elles vous plairont !