samedi 17 décembre 2016

épilogue 1, Koyasan, demeure éternelle de Kobo Daishi


Je commencerais à narrer ma première aventure, et elle ne fut pas longue à arriver. J’ai pris ma décision, je vais à Koyasan, le site du mausolée de Kobo Daishi, grand centre du bouddhisme Shingon, inscrit au patrimoine mondial et aussi une merveille de nature isolée en haut d’une montagne, entourée de 8 petites montagnes, comme le lotus et ses pétales.

Le trajet, le voici. On marche jusqu’à la gare, un train pour Tokushima, puis on réserve pour le soir, puis on marche, puis on prend le ferry, puis un train, un autre, un autre, un autre, un autre, un téléphérique, un bus et on est arrivé !
Ça parait compliqué ? Oui, c’est autant de raisons de se planter. Est ce que je me suis planté ? Vous me connaissez non ? Bien sûr que je me suis planté ! Et bien comme il faut. Mais comme souvent, je retombe sur mes pattes. C’est ainsi. Je peux vous la faire courte.

Première partie du plan, tout va bien. Je suis à Tokushima et j’ai internet. Je réserve l'hôtel, des capsules pour changer, une chambre de 3m3, et je n’ai pas le temps d’attendre la confirmation. Il faut me dépêcher. Pas de bus direct tout de suite pour le ferry, donc je marche. Je me perds pas trop, mais tout de même. Le ferry de 11h est sur la mer, raté. Le prochain est à 13h35, et je n’ai pas internet pour m’occuper ou éventuellement check la réservation. Bien sûr, ils ne répondent pas au téléphone. Le ferry, tout se passe bien. Le train ensuite, ça va aussi. Un monsieur me demande si je vais à Koyasan. Je réponds oui. Il me dit qu’il n’y a que 4 minutes pour le changement de train, donc je dois le suivre. Et effectivement, je devais faire vite, sans lui, on aurait tout raté.
Je guette ma correspondance, la trouve, me perds un peu dans la gare mais trouve le bon quai, je demande aux gens le bon train, et un monsieur m’indique tous mes temps de passages dans un anglais parfait. On discute un moment dans le train, j’ai le droit de le revoir puisqu’il habite Kyoto, et je change de train pour prendre le prochain, comme il me l’indique. Le problème, c’est que la nuit est tombée, et qu’il n’y a plus trop grand monde. Heureusement qu’il m’a tout indiqué. Dans ma tête tourne en boucle. 17h28 Anakuraji, 18h24 Gokurabashi, 18h53, Cablecar, ...

Je suis d’ailleurs surpris dans le train, par les modes japonaises. La moitié dort, ou tombe de sommeil plus exactement. Debout, assis, tout est bon pour rattraper la nuit trop courte imposée par les horaires de dingues. L’autre moitié, sur le téléphone. Des jeux, des sites d’achat, facebook, tout. Même des amis qui se croisent gardent leurs écouteurs et leur téléphone dans la main, les couples de même.
Le but aussi, c’est de ne croiser le regard de personne. On montre son ticket à l’entrée de la gare du bout du bras, et on évite soigneusement de voir les personnes qui sont là. Je me demande si ils me sourient autant, juste parce que je leur dis bonjour, sourire, merci comme papa maman me l'ont appris ! Un petit soleil pour eux.

Je monte dans le dernier téléphérique, je sors en courant pour prendre l’ultime bus, et il m'emmène pour le dernier arrêt. Et là, guest house kokuu, ma terre promise, en congé. 19h30, 1000m d’altitude, tout seul, pas envie de dormir dans des toilettes, mais pas de panique. La mine basse quand même, je me rends dans un resto et je commande des ramens. Je leur explique la situation en jap’, ils comprennent, et appellent plusieurs hôtels. Un d’entre eux accepte de me recevoir, logement en temple. Ca me coûte un bras mais je ne regrette pas. L’ambiance est magique. Et j’aurais quelques belles surprises pour le lendemain !


Je me réveille vite. Il faut dire, je suis à 1000 m d’altitude et le temple n’est pas isolé. La sortie des couvertures est rapide, il me faut rejoindre le temple principal pour les prières du matin. Le temple est déjà bien rempli, mais cela n’a rien à voir avec Shikoku. Quelques japonais se perdent au milieu des touristes, en masse. Je prends place sur les derniers sièges disponibles, et je me retrouve à côté des … Français ! Il faut quand même qu’il y ait quelque chose qui nous unisse, dans cette vie ou une autre, pour que l’on se tombe dessus littéralement ainsi tout le temps. Ils ont passé un peu de temps à Tokushima ce qui explique leur retard. Autant vous dire tout de suite, le retour au tourisme me fait mal. Déjà, je peux saturer un peu question temple, et cérémonie goma, mais le faire en présence d’Iphones qui filment le tout, ce n'est plus mystique du tout ! Je suis pressé de sortir pour tout avouer…
Nous planifions nos deux journées ensemble. Je suis content de retrouver ce couple de bonne compagnie, et j’ai l’air de ne pas les déranger non plus.
On visite alors le cimetière, 200 000 tombes, pierres et mausolées, des cyprès plusieurs fois centenaires, les tombes de grands Shogun et personnages de l’histoire du Japon,  ainsi que le temple où Kobo Daishi est resté en méditation éternelle. On lui apporte même le petit déj’ tous les matins. La ville de Koyasan héberge une grande population de moines, plus de 1000 entre les apprentis et les confirmés. Mais c’est bien le retour à la situation qui est la mienne qui est la plus dure à digérer. Je suis de nouveau un touriste. La panoplie de henro ne veut plus rien dire, c’est un déguisement comme un autre. Je dois donc changer de mode assez rapidement. Ce n’est pas si désagréable une fois que l’on a accepté le fait d’être un étranger de plus. A moi de faire du tourisme autrement. Ainsi, on se prend à faire un tour de la ville et de ses monuments, et à commencer à faire des achats pour Noël. Petite technique, on fait le tour de toutes boutiques en premier, puis on achète que ce que l’on ne trouve que dans une boutique. Le reste, ce que vous trouvez dans 3 boutiques différentes au moins, c’est certain que c’est du bibelot sans valeur. L’unique, c’est plus difficile à trouver.

On flâne un peu, on s’arrête pour une petite séance de méditation zen, puis on se rend à un atelier de copie des sutras, Shakyoo. Le but est de prendre une grande page, avec imprimée sur une face le sutra du coeur, et de l’autre les lignes du tracé. Il faut, par transparence, copier le sutra avec un stylo/pinceau à encre. Bien pratique pour les novices ce petit stylo. Je n’ai jamais été aussi concentré de ma vie, à l’école en tous les cas. Une heure est passée sans que l’on en ait conscience. Une très belle expérience, à renouveler.

La journée est très froide, et le soir tombe vite. Je me rend dans mon hôtel capsule, pour retrouver une ambiance que j’avais oublié, celle des backpackers. De belles histoires, le temps qui file à la vitesse de l’éclair, de beaux rêves en perspective.

Le lendemain, petite randonnée qui nous prend 4 heures parce qu’à un moment donné, ya un gros croisement et pas d’indications, comme souvent au Japon. Puis repas dans un restaurant au top, tenu par une française. le pesto épinard ail parmesan, la salade roquette pignon kaki carotte patate douce, ou la soupe cèpe patate, tout était excellent. Quelques balades supplémentaires, puis le moment de se séparer de nouveau est arrivé.

Je me suis offert une balade seul dans le cimetière géant la nuit, histoire de réfléchir sur ce voyage. C’est beaucoup mieux que la journée, personne pour troubler mes pensées, les lanternes qui éclairent le chemin, les animaux nocturnes comme seule compagnie. Un moment intense.

1 commentaire:

  1. "19h30, 1000m d’altitude, tout seul, pas envie de dormir dans des toilettes"
    Haha, ca me rappelle des souvenirs. Figures-toi que c'est exactement ce qui m'es arrive a Koyasan. Nuit tombée, Pluie glacée, trempé jusqu'aux os.. je n'ai pas eu le choix, j'ai passé la nuit dans les toilettes d'un parking de Koyasan: https://scontent-ams4-1.xx.fbcdn.net/v/t31.18172-8/13316929_10153626617608341_3246358024764663122_o.jpg?_nc_cat=110&ccb=1-5&_nc_sid=cdbe9c&_nc_eui2=AeHfR6Hoeh-b3qjDfRh_WHFgIT__Unp2_t4hP_9Senb-3qHBj5g97ysLsW3RoNpAiVQ&_nc_ohc=w0YpjIFN_ugAX-XBMeH&_nc_ht=scontent-ams4-1.xx&oh=11b925cb2141bc2fb43b4033f513fb72&oe=6147CE5C

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